Aujourd’hui, à la sortie de la messe de la fête du Corps et du Sang du Seigneur, nous avons chanté ce cantique :
En marchant vers toi Seigneur D 380
En marchant vers toi, Seigneur,
Notre cœur est plein de joie :
Ta lumière nous conduit vers le Père, dans l’Esprit,
Au Royaume de la vie.
1. Par ce pain que nous mangeons,
Pain des pauvres, pain des forts,
Tu restaures notre corps, tu apaises notre faim ,
Jusqu’au jour de ton retour.
Je ressentais profondément ces paroles, d’autant plus que le prêtre nous avait permis de communier aux deux espèces. Parfois, fatiguée, je dois me forcer un peu pour aller à la messe dominicale. Mais le moment de l’Eucharistie me fortifie toujours et justifie la moindre peine que j’aie eue à sortir de chez moi le dimanche matin, même quand la messe est dans un autre village. Douceur de cette communion sans pareille, agréable proximité avec les autres paroissiens, et réconfort intime et revigorant pour la semaine de la communion au Corps du Christ. Ma foi en ce mystère est très profonde. Je crois vraiment, de toutes les fibres de mon être, en la Présence réelle du Seigneur Jésus dans les saintes espèces. Je la vis, je la ressens fortement, je la chéris.
Cependant, ce qui m’a frappée aujourd’hui dans ce cantique, c’est la mention “Jusqu’au jour de ton retour”. Je sens la vérité de cette précision très profondément, au cœur de ma foi chrétienne. J’ai souvent ce regret diffus que l’Eglise catholique mentionne peu nos perspectives eschatologiques. Tout se passe comme si L’Eglise devait être pérenne, et le Christ Jésus éternellement donné à ses fidèles sous le forme du pain et du vin, au cœur d’une Eglise et d’un monde qui ne passeraient jamais, excepté pour ceux qui traversent le mort. Ecoutons bien les prédications contemporaines, et nous verrons que cette croyance est profondément ancrée dans la théologie et le discours catholiques. Les grandes préoccupations de l’Eglise sont de l’ordre de sa visibilité dans le monde ou du domaine de la bioéthique, plus récemment de l’écologie. Tout cela est entré dans notre système de pensée. A force que le monde se croie irremplaçable et pérenne, l’Eglise s’est laissé infiltrer par la même illusion. Elle néglige des pans entiers de l’Evangile : toutes les mises en garde de Jésus sur la fin des temps et le jugement. Je me demande même si l’Eglise catholique ne cherche pas à paraître sérieuse en réaction aux œuvres cinématographiques sur la fin du monde et aux sectes apocalyptiques. Le discours eschatologique a été confisqué par celles-là et par la horde des faux prophètes, aussi l’Eglise soigne-t-elle son image d’institution raisonnable résolument ancrée dans le monde…
Et pourtant, ce matin, nous avons chanté ce cantique-là, avec ces paroles-là : Jusqu’au jour de ton retour.
J’ai l’heur de croire au retour en Gloire du Christ. Tout proche. Que mon lecteur ne sourie pas en levant les yeux au ciel : je n’ai aucun gourou et ma santé mentale est parfaite depuis des lustres. Je mets quiconque au défi de me prendre sur ce site, en six ans, en défaut de manque de lucidité, et encore davantage dans ma vie quotidienne. Je crois même que la lucidité en tous domaines est l’une de mes principales qualités.
Bref. Il est une donnée ancrée dans la foi chrétienne : le Christ se donne sous les espèces du pain et du vin jusqu’à son second avènement, dans la gloire, et en son corps ressuscité qu’il a bien sûr conservé. Jésus n’est pas un esprit diffus dans l’univers, ni une rondelle de froment enfermée dans un tabernacle ou un ostensoir. Il a un corps. Un corps, par le choix de son Père, masculin. Et c’est dans ce corps qu’il reviendra, pour ne plus le donner à personne en “consommation” eucharistique, tout sacrement prendra fin au jour de son retour, et il nous ouvrira alors le banquet de noces. Quelles noces donc ? Il ne faut pas trop extrapoler sur les mots… J’aime le sens premier des mots. N’oublions pas non plus que dans les Evangiles, une femme, Marie de Béthanie, “a choisi la meilleure part.” Pour l’éternité.
Cantique “En marchant vers toi Seigneur” D380 :