En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je?»
Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »
Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.
Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.
Marc 8,27-35
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
La question de Jésus s’adresse bien sûr à chacun d’entre nous, en son for intérieur, et peut-être d’autant plus que l’Eglise qui prétendait être seule missionnée à l’annoncer se trouve aujourd’hui embourbée dans d’interminables scandales et divisions qui la privent d’une très grande part de sa crédibilité. Alors oui, c’est le moment d’interroger le cœur-même de notre foi, de nous demander ce qu’il en reste d’essentiel, en ces temps où l’on porte presque comme une honte sa fidélité au Seigneur et à son baptême dans la pratique catholique.
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Ce matin, si on m’avait offert la possibilité de le faire pendant l’office religieux qui s’est déroulé avec un diacre en l’absence de prêtre, je crois qu’après la courte mais belle homélie, j’aurais pu dire à haute voix devant mes amis paroissiens qui est Jésus pour moi. Je leur aurais dit que je ne venais pas seule à la messe tous les dimanches depuis quatorze ans par défaut de mari ou de nouveau compagnon mais par plénitude, pour y retrouver Celui qui m’y attend, qui s’y donne à nous, qui me comble semaine après semaine de la joie de Le retrouver dans cette belle communion d’amour qu’est l’Eucharistie. Je leur aurais dit que j’avais l’air de venir seule, mais que je ne l’étais pas, le Christ Jésus remplissant ma vie et mon cœur d’une manière bien plus comblante que ne pourrait le faire un homme debout à mes côtés et compagnon de vie quotidienne. Car ce que j’en dis, moi, c’est que mon compagnon de vie, c’est Lui, Jésus, et pour l’éternité. Donnée à Lui, je le suis, et ce qui est plus difficile à recevoir car la jalousie spirituelle est toujours là, tapie non loin du cœur qui se sait aimé, c’est que donné à moi, Il l’est aussi. Non, je ne suis jamais seule avec sa présence évidente et ineffable en moi et auprès de moi.
Alors aujourd’hui, qu’il me soit permis de pousser un peu plus loin la question de Jésus. Le Christ sait qui Il est. Ce qui l’interroge, c’est de savoir ce que la multitude et ses plus proches comprennent de Lui. Ce qui le préoccupe, c’est de savoir jusqu’où son rayonnement divin entraîne le cœur et l’intelligence de ses contemporains. Non pas pour s’en glorifier Lui-même – il sait qu’Il marche vers la croix – mais pour vérifier si le cœur de l’homme est capable, ou pas, de s’ouvrir à la Parole de Vérité qui vient de Dieu et de l’identifier. Vérité qui, dans l’héritage fidèle de Jésus, se diffuse aujourd’hui par le canal de l’Esprit Saint.
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »