Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage,
vous êtes concitoyens des saints,
vous êtes membres de la famille de Dieu,
car vous avez été intégrés dans la construction
qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ;
et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.
En lui, toute la construction s’élève harmonieusement
pour devenir un temple saint dans le Seigneur.
En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction
pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.
Ephésiens 2, 19-22
Textes liturgiques©AELF
Paul voulait, par ces lignes que nous méditons aujourd’hui en Eglise, souligner qu’il n’y avait plus de divisions valables entre héritiers sincères d’Abraham et ceux qui étaient devenus chrétiens parmi les païens auxquels il n’a eu de cesse d’apporter la bonne nouvelle de l’incarnation, de l’œuvre, de la mort et de la résurrection de Jésus Christ.
Et nous, vingt siècles plus tard, où en sommes-nous ?
Force est de constater que dans l’humanité, les personnes croyantes sont plus divisées que jamais. Je l’avais détaillé ici :
Paul rêvait sans doute que l’humanité tout entière se convertirait au Christ Jésus. Il était en droit de l’espérer. Les missionnaires des cinq derniers siècles aussi. De nos jours, il serait illusoire de faire ce pari. L’évangélisation semble désormais bel et bien compromise, à l’heure où tout un chacun, ou presque, peut pourtant accéder à l’Evangile sur le net. Encore faudrait-il que ceux qui ont mission officielle de l’annoncer aient encore un peu de crédibilité, et nous n’avons pu que constater ces derniers mois que par exemple l’Eglise catholique romaine était pour un bon moment intrinsèquement discréditée. Nous sommes plus proches, à mon sens, d’une déchirure interne de cette Eglise que d’une force de témoignage de sa part capable de convertir des âmes éloignées du Christ. Peut-être a-t-elle eu le tort de retenir, de l’extrait que j’ai cité ci-dessus, essentiellement les mots de “temple” et de “construction”. Oh, des églises, on en a construit dans le deuxième millénaire, oui, et combien ! Tant et tant que certaines sont vendues de nos jours pour devenir des restaurants… Des pyramides ecclésiales hiérarchiques, l’Eglise en a construit aussi, et le catholique de base en souffre bel et bien aujourd’hui. Là où Paul voulait une Eglise qui intègre, la nôtre exclut des sacrements plus d’adultes que ceux qui y demeurent encore régulièrement. Considérée de l’extérieur, cette Eglise catholique romaine à laquelle j’appartiens contre vents et marées donne un visage déplorable, ne ressemblant plus qu’au Christ agonisant sur la croix bien plus qu’au Ressuscité.
Alors que faire ? Il est temps, je crois, de ne plus se focaliser sur les pierres (églises, cathédrales, basiliques…) et d’avoir moins souci de les entretenir et de les remplir que de considérer la substantifique moelle du chrétien authentique : il est censé “devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.”
Il est temps, grand temps que la hiérarchie catholique accepte de considérer que l’Esprit Saint est souverainement libre et qu’il fait sa demeure où il veut et en qui il veut. Et de ne plus chercher à étouffer cet Esprit quand il ne vient pas pour confirmer des siècles de doctrine, mais pour annoncer avec force que le Maître est à nos portes et que ses Noces sont toutes proches…
Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.
Psaume 84 (85), 11-12
Image : La colombe du tabernacle Abbaye Notre-Dame de Tamié