Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.
Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ;
car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.
Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
Hébreux 9, 24-28
Textes liturgiques©AELF
Qu’il est réconfortant de lire ces lignes quand on attache plus d’importance aux Ecritures qu’aux développements théologiques !
Nombreux sont les chrétiens, et même les théologiens, qui ne veulent plus considérer la Passion et la mort sur la Croix du Christ Jésus comme un sacrifice consenti et nécessaire à notre rédemption. Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas que Dieu le Père ait préféré le sacrifice de son propre Fils à celui de n’importe qui d’autre. Ils prétendent que, exigeant cela, Dieu serait un Dieu cruel envers ses enfants. Or, il ne s’agit pas du tout de cruauté. Il s’agit encore là de sacrifice, d’abnégation et même de justice.
Dieu le Père n’aurait exigé d’aucun autre père – pas même d’Abraham – qu’il accepte ainsi de sacrifier son fils unique et tellement aimé pour le rachat du péché de l’humanité tout entière. Dieu est abnégation. C’est son Fils à Lui, issu de ses entrailles, qu’Il donne comme rédempteur et sauveur. C’est la chair de son Etre qu’il offre sur l’autel de la cruauté des hommes. C’est le plus cher et le plus innocent des enfants des hommes qu’il donne pour que nous ayons une chance de revenir vers Lui repentants, contrits et pardonnés. Qui a le cœur assez dur pour ne pas être touché de compassion devant un innocent absolu en croix ?
Où est la justice de Dieu en cela, va-t-on encore m’objecter. Eh bien, si, il y a là une justice : le Christ Jésus nous est donné comme Roi d’Eternité. Lui, Roi pour toujours, et aucun autre homme de ce monde, eût-il été empereur dans sa vie terrestre. Jésus, de la mangeoire natale à la croix de sa mort, a été humble parmi les humbles. Il n’a rien possédé. Il n’a rien revendiqué pour lui du temps de son incarnation. Il a été haï et condamné par les dignitaires religieux de son temps, lui qui était pourtant le Messie d’Israël. C’est pourquoi Dieu son Père lui donne tout dans le Royaume qui succède à sa résurrection. Du rien de sa vie terrestre – à l’exception de la sainteté – il fait le tout de sa vie éternelle. De la place humiliante et douloureuse à l’extrême que les hommes réservent à son Fils sur la terre, Dieu engendre pour son enfant le Royaume et il l’y couronne de Gloire. Pour toujours.
Et j’ajoute, pour les doctes et autres théologiens qui me répliquent que le christianisme n’en est qu’à ses débuts, et qu’il faut travailler à l’avenir de l’Eglise, qu’il y aura aussi une justice pour celles et ceux qui attendent véritablement le second avènement du Roi de Gloire. Je dis, moi, que l’Eglise vit ses derniers lamentables soubresauts, que l’année de la Miséricorde nous a été donnée pour nous convertir, qu’il nous reste encore un petit peu de temps pour le faire, mais que Jésus apparaîtra une seconde fois – et c’est bientôt – non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
De ceux qui l’attendent vraiment, non pas du bout des lèvres, mais dans toute la vérité de leur cœur.
Image : Vitrail de la cathédrale de Bâle