Je ne vais pas copier ici tout ce qui concerne la Vierge Marie dans le catéchisme de l’Eglise catholique, mais que personne ne vienne me reprocher de ne pas le connaître : je l’ai lu et relu. On se reportera donc, pour savoir sur quels textes de m’appuie, sur les articles du CEC 484 à 511.
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P1H.HTM
J’ajoute que je crois à l’Immaculée Conception de Marie davantage par confiance en une humble jeune fille, Bernadette Soubirous de Lourdes, qui eut des apparitions de “L’Immaculée Conception” se nommant ainsi elle-même en 1858, que par confiance aveugle en des hommes d’Eglise tous masculins qui ont élaboré au cours de siècles la catéchisme catholique, et qui se sont servis des dires de Bernadette pour corroborer et renforcer des doctrines qu’ils avaient déjà sous le coude depuis des siècles. Doctrines éminemment élogieuses pour Marie, cela va sans dire, mais aussi quasi infamantes pour toutes les autres femmes, depuis Eve jusqu’à la petite fille qui est en train de venir au monde en quelque endroit du globe à l’instant même où j’écris ces lignes.
Car enfin, il faut méditer les mots que l’Eglise utilise en ce jour pour fêter l’Immaculée Conception : “Seigneur, tu as préparé à ton Fils une demeure digne de lui par la conception immaculée de la Vierge : puisque tu l’as préservée de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils…” et encore : “Que cette communion, Seigneur notre Dieu, guérisse en nous les blessures de la faute originelle dont tu as préservé la Vierge Marie, grâce au privilège de sa conception immaculée.” (Source : Prions en Eglise).
Nous y voilà. “La faute originelle”. La croyance en l’Immaculée Conception de Marie perd tout son sens si on ne se réfère pas au fameux “péché originel”. Et d’ailleurs, l’Eglise oppose en ce jour Marie à Eve, puisqu’elle donne à lire à cette messe Genèse 3, 9-15. 20 et Luc 1, 26-38. Nous revoilà plongés dans les vieilles lunes catholiques : Eve la pécheresse – comme toute femme – et Marie la toute pure – comme elle seule. Je parle ici des femmes, je mets le Christ Jésus à part pour en parler après. Je suis toujours éberluée quand je vois mes sœurs en humanité, et en particulier mes sœurs en Eglise catholique ou orthodoxe, adhérer à ces doctrines, battre leur coulpe de pécheresses invétérées, se pâmer devant une Vierge Marie tellement différente d’elles-mêmes tandis qu’elles voient volontiers, dans le même mouvement, dans leur curé “un autre Christ” et qu’elles s’échinent à aimer leur mari comme si c’était Jésus lui-même.
Eh bien, je vais dire le fond de ma pensée, qui n’est pas ma lubie du jour, mais ma compréhension profonde de ces mystères, puisée à la source des Ecritures, de mon oraison d’intense communion avec le Verbe de Dieu et de toute ma vie de femme baptisée catholique à quelques jours de vie et encore pratiquante envers et contre tout à bientôt 55 ans. C’est le fruit de la méditation de toute une vie, d’une préoccupation constante de la vision de la femme par l’Eglise à laquelle j’appartiens tout autant que n’importe quel baptisé, fût-il prêtre, évêque ou même pape. C’est le résultat d’une méditation incessante de petites remarques reçues par moi-même, les fillettes ou femmes que j’ai pu croiser au long d’une vie et tous ces mots entendus en Eglise depuis le temps que j’y écoute ou lis tout ce qui se dit avec la plus grande attention.
L’expression “une demeure digne de lui” pour parler du sein de Marie me choque profondément. Car c’est, dans le même mouvement, supposer qu’aucune autre femme à part la Vierge Marie n’aurait été digne ou capable de porter en elle Jésus, le Fils de Dieu. Par souillure personnelle “originelle”. C’est insister sur une présupposée indignité congénitale autant que spirituelle de tout être humain né de sexe féminin. De l’instant de sa conception jusque dans sa maternité, une fillette, une femme est donc considérée par l’Eglise comme vecteur de péché, comme coupable de transmettre une inclination à ne pas obéir à Dieu.
“Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère”, dit le psalmiste.
Psaume 50 (51)
Et un bon juif ou chrétien comprendra là : le péché des origines lui a été transmis par sa mère, fille d’Eve.
Eh bien, je voudrais casser ce mythe. Dire à David :
“Oui, mon pauvre David, tu étais pécheur dès le sein de ta mère, forcément, puisqu’elle t’a enfanté d’une semence masculine porteuse de chromosome sexuel Y. Voilà d’où tu tiens ta fronde, ta susceptibilité, ton orgueil, ta concupiscence qui te conduira à déshonorer Bethsabée et à faire frapper de mort son mari Ourias. Voilà d’où te vient ta pulsion de violence et d’adultère. De ton chromosome Y que tu tiens de ton père masculin tout comme toi.”
Il fallait bien qu’un jour, la descendance d’Adam et de David fût frappée de non continuation. Et cela, Dieu l’a fait. Il a engendré son Fils Jésus sans aucun recours à un géniteur masculin. Pour que cette filiation soit claire, il a choisi entre toutes les femmes, exemptes – toutes autant qu’elles sont – de chromosome sexuel Y, une très jeune vierge, Marie, dont le mérite était d’être indifférente au regard de l’homme sur elle. Elle n’avait strictement aucune différence avec ses sœurs en humanité, sinon d’être protégée par Dieu de manière forte de la présence du Mauvais à ses côtés – il lui envoie un ange et non le Tentateur – et d’avoir suffisamment de foi pour préférer la volonté de Dieu à la malice des hommes – Joseph allait vouloir la répudier, son entourage “calculerait” la non-conformité de sa grossesse par rapport à la date effective de son mariage… Marie n’a que cette grâce-là : une foi qui lui fait préférer obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, plaire à son Seigneur plutôt qu’à son fiancé. Et pour tout le reste, elle n’est différente en rien de ses sœurs en humanité. Elle a les mêmes gènes, le même utérus, le même hymen que n’importe quelle autre fille d’Israël ou d’ailleurs.
Son Fils Jésus, au contraire, n’est pas né de volonté humaine, mais de volonté divine. Son Fils ne partage pas l’héritage commun à toute l’humanité masculine : il n’est pas né de géniteur masculin, il n’a pas, inscrits en ses gènes, la fronde, l’orgueil, la concupiscence, la pulsion violente, la défiance envers Dieu. De Marie, il a pris un chromosome sexuel X. De Dieu, nous n’en savons rien. On pourrait nommer son autre chromosome sexuel Ω, cela lui siérait parfaitement.
“Je suis l’alpha et l’oméga”. (Apocalypse 22, 13)
Réjouis-toi Marie, toi qui as eu la grâce de ne pas porter en toi l’inclination première au péché des origines… comme ton Fils, et comme toutes tes sœurs en humanité !
7 commentaires
Un génome sera probablement possible un jour à partir des cellules de myocarde issues de miracle eucharistique. Crois tu à ces miracles Véronique? J’ ai acheté le livre d’ Anaëlle, mais n’ ai pu encore le lire …Bon Avent. Tu as probablement allumé ta deuxième bougie
Oui je crois à ces miracles, Claire. Je l’avais d ‘ailleurs raconté ici :
https://www.histoiredunefoi.fr/meditations-bibliques/2993-homelie-du-cardinal-jean-marie-lustiger-le-7-novembre-1999
Merci Véronique, peut être un chromosome y mais avec des gènes complètement différents? Je vous embrasse
Je transmets fidèlement ce que je reçois du Seigneur. Amitiés, Claire ! 🙂
Coucou Véronique, je suis d’ accord avec toi, les hommes ont plus de similitudes avec Joseph, le père adoptif de Jésus, très belle figure de masculinité, et qui se lasse entrainer dans le projet de Dieu par Marie, que de similitude avec Jésus , en ce qui concerne le fonctionnement psychique, affectif, spirituel. Jésus a néanmoins un corps d’ homme, comme nos frères et nos pères, à vécu dans ce corps, à dû l’apprivoiser comme tout garçon adolescent, et partage avec eux cette ressemblance.. Le péché originel touche les deux sexes, bien sûr (et probablement que les femmes en sont un peu plus préservées, elles sont rarement à l’ origine des guerres et ont un lien particulier au divin). Ce péché ne vient pas plus de la femme que l’ homme, beaucoup, et aussi parmi les clercs, en sont persuadés.
Je t’embrasse bien fort, Claire
Chère Claire, merci, mais tu me connais assez bien pour savoir que je n’écris pas sans savoir ce que j’avance. Cette question du “péché originel”, de l’homme, de la femme, elle traverse toute ma vie et cet article en est un aboutissement. Je parle en connaissance de cause : j’ai largement eu l’occasion de savoir “ce qu’il y a dans l’homme” (à la différence de bien des mystiques consacrées dans la virginité…) et je suis suffisamment proche du Seigneur Jésus pour savoir ce qu’il y a en lui et de quelle nature ont été ses souffrances personnelles. Il a dû apprivoiser son incarnation, oui, mais pas un corps pécheur, à la différence de ses frères nés aussi de la même mère et de Joseph, qui, eux, ont reçu de Joseph le dilemme intrinsèque à la masculinité. Jésus est absolument sans aucun péché, ce qui serait impossible s’il était de la même constitution corporelle que David ou Joseph. Il est sans péché parce qu’il ne partage pas avec ses “frères en humanité” ce chromosome du péché, c’est de Lui-même que je tiens cette connaissance. Et je suis chargée de la partager, même si l’Eglise me rejette de ce fait.
Et j’ajoute, comme je sais que beaucoup de dévots vont se scandaliser de ce que j’écris, que Bernadette Soubirous n’a pas dit à son curé que “la dame est l’Immaculée Conception” mais qu’elle a répété tout le long du chemin la phrase entendue pendant l’apparition, et qu’elle l’a dite telle quelle au prêtre, en disant “Je”. Oui, Marie savait ce qu’elle faisait, mais Bernadette pas du tout. En disant, dans son patois, “que je suis l’Immaculée Conception”, Bernadette s’incluait dans le privilège de Marie, privilège qui nous concerne toutes, nous qui ne sommes pas des hommes. Je ne dis pas du tout que les filles, les femmes n’acquièrent pas en vivant la capacité à pécher : je reconnais que moi-même, il m’arrive de pécher, ce n’est pas pour rien que je me confesse plusieurs fois par an. Mais le fait de rejeter Dieu a priori n’est pas dans notre nature féminine : nous sommes toutes “capax Dei”, nous péchons soit par imitation de nos aîné(e)s, soit par exaspération du sort que l’on nous fait. Et il y a d’ailleurs fort à parier que Bernadette Soubirous n’ait pas péché davantage dans sa vie que Marie qui lui est apparue à Lourdes. Je copie un extrait de sa vie :
Le jeudi 25 mars, elle pourra retourner à la grotte. Ce sera la 16ème apparition. Bernadette demande son nom à la dame qui lui répond “Que soy era l’immaculada Concepciou” (je suis l’immaculée Conception). Bernadette n’a pas compris, elle ne connait pas ces mots. Elle part répéter la phrase à monsieur le curé et pour ne pas l’oublier, la répète tout le long du chemin. L’abbé Peyramale est convaincu que Bernadette ne peut pas avoir inventé. Le dogme de l’immaculée Conception étant un dogme nouveau dans la religion catholique, Bernadette ne pouvait de fait pas comprendre cette expression. Bernadette transmet toujours fidèlement ce qu’elle a vu et entendu. Sur le chemin du retour, elle dit “je suis bien contente, j’ai fait ma commission”.
Source : http://www.lourdes-fr.com/fr/lourdes/apparitions-lourdes-bernadette.htm