Sous le figuier
A l’ombre du bel été
Ta Parole, en douce confidence,
Caressait son ouïe attentive
Lui révélait les mystères de ta divinité
Et les accents touchants de ton humanité
Il t’avait plu de reconnaître en elle
La plus aimée de quelques confidentes
La plus ardente de tes écoutantes
La plus éprise aussi des jeunes filles de Judée
Dans ses yeux lumineux posés sur ton visage
Coulait la grâce du matin d’innocence
Dans son sourire, en reflet d’espérance
Des vœux de fleurs tressées en couronnes odorantes
Le figuier en promesse de fruits
S’émouvait de vos tendres partages
Tu mêlais aux délices de tes enseignements
Un trouble à peine naissant
Un élan de ton cœur vers ce regard candide
Un hommage appuyé à sa beauté limpide
Se doutait-elle alors que d’un nard très précieux
Elle couvrirait ton corps promis à la douleur
Qu’elle devrait endurer le tonnerre et le feu
Qui s’abattraient sur toi en terrible sentence
Mais là, sous le figuier encore vert comme l’espoir
La malice des hommes faisait pause un instant
Tu reposais ton âme à ses côtés charmants
Et tu savais au moins qu’au long hiver de fiançailles
Succèderaient un jour la noce d’éternité
Et ce banquet, festin des retrouvailles
Sous ce figuier vert en promesse de fruits
Tu recueillis le don sans retour de sa vie
Et elle fut la première au cortège des vierges
Qui à travers les siècles chanteraient ta louange
Une lampe à la main et l’huile en abondance
Il te fallait souffrir, il te fallait mourir
Partir la laissant seule dans des contrées hostiles
Il fallait même encore que son nom soit souillé
Par des disciples aigris prompts à la soupçonner
D’une existence mauvaise et de tous les péchés
Là où n’étaient pourtant que grâce et pureté
Le figuier fut maudit pour les siècles à venir
Tu savais bien que l’homme, plein de mauvais désirs,
Viendrait pour s’y servir au mépris de ton cœur
Lié d’éternité à sa jeune candeur
Le figuier fut maudit, ta Parole détournée
On interdit aux filles de Judée et d’ailleurs
De boire seules à la source du Livre en liberté
Décrétées malgré toi femmes impures et mineures
Des siècles ont malmené et écarté tes sœurs
Mais Jean l’a su : le figuier revivrait
Et je l’ai vu chez moi en promesse de fruits
A l’ombre de ses feuilles graciles et ingénues
Coule le flot de ta Parole
Jusqu’au torrent quand vient l’orage
Jusqu’au Temple éternel quand s’est accompli l’âge
Tu reviendras, tu l’as promis
Comme tu l’as dit, à Béthanie
Près du figuier de la promesse
Goûter les fruits de ta jeunesse
Véronique Belen
24 août 2024