“Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”
Tu nous l’as dit, l’avons-nous fait ?
Tu l’as vécu, t’avons-nous écouté ?
Vingt siècles que ta Parole retentit dans l’Eglise
Et encore tant de haine, et toujours la méprise,
Quand le moi s’interpose plus fort que le prochain,
Quand l’orgueil nous égare sur ses mauvais chemins.
Avons-nous bien compris comme tu nous as aimés ?
Ton regard suppliant, où l’avons-nous croisé ?
Qui pourrait, s’étant pris au feu de ton amour,
Repousser ton appel à te donner ses jours ?
Tu es là dans la nuit, tu es là dans les cris,
Tu te tiens attentif au seuil de nos souffrances,
Tu nous tends tes deux mains maculées de violence,
Tu nous offres ton Cœur meurtri d’indifférence,
Tu nous appelles à toi, tu mendies un regard,
Tu te fais si petit qu’il est long de te voir,
Tu nous dis : “Je suis là, ne cherche pas plus loin,
J’ai amassé pour toi réconfort et bon grain,
Je te promets demain de soulager ta peine,
Je n’ai qu’une exigence : Veux-tu bien que je t’aime ?
Sauras-tu en ton cœur m’ouvrir un peu d’espace,
Ne pas le refermer pour qui y veut sa place ?”
Et toi, à sa question, qu’as-tu donc répondu ?
Il était tout aimant, l’eau de grâce, l’as-tu bue ?
Comme il nous a aimés, l’Agneau qui pardonnait
Et aux uns, et aux autres, et à qui trahissait !
Véronique Belen Mai 2001
Image : Détail du Retable d’Issenheim, Matthias Grünewald