Immaculée
C’est un mot qui m’a longtemps importunée
Elle immaculée, et nous, donc, souillées ?
Souillées par qui ? Souillées de quoi ?
Souillée, la petite fille nouvelle-née dans mes bras ?
Souillée, l’âme qui cherche son Dieu à chacun de ses pas ?
Je n’ai trouvé la paix avec ce mot
La possibilité de cette idée
Qu’en m’abandonnant en confiance au témoignage de deux âmes transparentes
Rachetées
Gratifiées
Elle Bernadette et elle Catherine
Chemins de sainteté discrète
L’incongru du mot dans un patois improbable
Et la persévérance d’une bienheureuse moquée rue du Bac !
Après tout, cette idée que m’imposaient violemment des théologiens narquois
Je pouvais l’accepter venant de deux femmes simples
Au sujet de cette autre femme pétrie d’humilité
Qui n’avait pas idée elle-même de la grâce donnée
Immaculée
Je l’invoque quand le langage de l’Eglise me fait violence
Quand on fait d’elle une déesse désincarnée
Quand le doute toujours s’insinue dans l’esprit de ceux qui doivent discerner
Immaculée
Je l’appelle quand à trop la regarder
On oublie toutes ses sœurs
Toutes ses filles humiliées
Toutes ces âmes justifiées par Celui qu’elle a enfanté
Véronique Belen Décembre 2014
Image : Statuette de Notre Dame de Tamié