Tu as douze ans, quinze ans, quarante ans peut-être
Et j’entends ton cri
La horde t’a enlevée
Ton père, ton frère, ton mari ont été tués
Te voilà livrée
Jaugée
Vendue
Déniée d’humanité
Et j’entends ton cri
Tu trembles sans plus aucune protection
Trop jeune pour comprendre quel calvaire t’attend
Ou trop lucide pour avoir encore envie de vivre
Et j’entends ton cri
Tu es seule au monde
Face à un tyran
Aux instincts les plus vils
Et j’entends ton cri
Il est là qui se justifie
Qui prétend son crime béni
Qui te bafoue, qui te salit
Qui déchire tes chairs et ta vie
Et j’entends ton cri
C’est la voix de ton sang et de ton honneur
Ma petite sœur yézidie
Qui hurle vers le ciel
Que ton bourreau trahit
Véronique Belen Août 2015
Image : Guernica Pablo Picasso (1937), détail
Source image : http://marseilleveyre13.free.fr/guernica1937/etude2.htm
2 commentaires
C’est l’horreur pour ces jeunes femmes, on a du mal à se le représenter, c’est loin, on pense être à l’abri.
Comment peuvent-elles encore trouver la force de vivre quand tout s’écroule, que le quotidien est
un cauchemar dont on ne voit pas la fin ?
Prions pour elles, prions pour que ces bourreaux soient écrasés et que la paix revienne dans cette
région martyre.
Ton poème est très beau, émouvant.
Merci Alain, je voudrais tant que la communauté internationale se soucie un peu plus d’elles, qui n’ont pas de notoriété et pas de titres…