Amie d’Inde ou d’Orient
Ma fille, ma sœur, ma mère
Beauté à peine née que l’on étouffe avec du sable
Ou que l’on enterre vivante
Parce que tu es née fille
Ce qui est grâce aux yeux de Dieu, disgrâce aux yeux des hommes
Amie d’Inde ou d’Orient
Qu’on élimine dès le dépistage prénatal
Parce que tu seras fille
Et que l’on considère que ce sera trop peu donné que d’être déjà l’esclave des hommes
Et de ta belle-famille
Amie aux yeux noirs, beauté pure
Ma sœur dévouée aux soins d’un indigne mari
Qui te bat, te viole et t’humilie
Qui arrache de ta vie les livres
Propres à pouvoir t’émanciper
Amie d’Inde ou d’Orient
Ma fille, ma sœur, ma mère
Déshonorée quand tu quittes ton bourreau
Déshéritée quand meurt ton époux
Toi qui hantes désormais d’improbables foyers
Et mendies près des temples de Vrindavan
Je te dédie ces mots, ma sœur si belle et innocente
Je t’enveloppe de ma prière
Et je supplie Celui que mon cœur aime
De descendre enfin des cieux qui pleurent aussi ton sort
Pour te délivrer de cette vie indigne et si injustement amère
Amie d’Inde ou d’Orient
Même si tu pries des idoles
J’ai confiance pour toi
Au creux de ma foi
La justice prompte et éternelle
Est aussi, est surtout, pour toi.
Véronique Belen Novembre 2018